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Pour que la baie d'Arcachon ne devienne la baie des cochons
17 juin 2013

Une aubade grivoise...

Une aubade grivoise…

 

Le temps gris et maussade de ce mois juin reflétait toute la morosité d’un monde en perdition.

Je regardais, par la fenêtre embuée, les prémisses d’une amélioration. J’observai que le manteau bleu du ciel ne filtrait pas au travers des nuages furieux poussés par le vent d’ouest. Aujourd’hui encore, il ne ferait pas beau.

Le  chant puissant d’un oiseau me fit lever la tête. Perchée au sommet d’un chêne de belle importance, une grive s’époumonait en  tirades choisies, en improvisations remarquables et en gazouillis harmonieux. J’aperçus son plastron fauve tacheté de marron  et son cou déjeté en arrière pour mieux lancer ses notes dans l’air environnant.

 

Cet oiseau, une grive musicienne, petit corps emplumé, me donna  une leçon de vie. Ce climat inconstant me rendait pessimiste et mon moral s’en trouvait affecté.

Je vis qu’elle chantait sous une pluie battante et que les grosses gouttes qui s’abattaient sur elle ne l’empêchaient pas de continuer à chanter.

Elle devait  aimer ce coin de mon jardin, puisque désormais elle poursuivait son récital durant toute la journée, y compris la nuit. Elle aurait fait pâlir d’envie les chefs d’entreprise, car à elle seule elle faisait  les trois huit avec peu de besoins.

Alors je fermais les yeux et j’ouvris mon esprit à cette manifestation d’une rare beauté, en songeant que nos amis animaux nous offraient du bonheur et beaucoup de réconfort.

La grive n’attendait rien en retour, peut-être sentait-elle l’admiration que je lui portais, car elle siffla de plus belle. Enfin, le climat, jugeant d’avoir assez sévit, redevint clément. Je sortis alors et observais l’oiseau. Jetant vers moi un regard oblique, il ne se troubla pas et reprit sa symphonie.

L’hiver et venu et l’oiseau est parti avec d’autres, en de lointaines contrées, me privant des mélodies de la belle saison.

C’est l’époque des grands passages et autour de chez moi, c’est la guerre. Des hommes armés scrutent le ciel.  Ce ne sont pas des poètes, ils font cela pour manger. Les frimas de cette froide saison recouvrent les arbres d’un givre immaculé. Un vent froid agite les feuilles mortes qui ne se décident pas à tomber.

Je découvre alors au détour des buissons, les oiseaux que les chiens n’ont pas pu dénicher. Je les prends dans mes mains ; ce sont des grives musiciennes, petits corps insignifiants dont le plastron n’est plus fauve, mais rouge de sang… Du plomb de huit sans doute et c’est ainsi que par milliers ces petits  passereaux qui charmaient nos  oreilles ont terminé leur vie…

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